De la division du peuple
(Comment la bourgeoisie nous divise pour mieux régner)
Introduction
Depuis que l’humanité est scindée en classes sociales, c’est-à-dire qu’une partie de la population (la minorité) exploite le travail de l’autre partie de la population (de la majorité), un pouvoir des uns sur les autres devait nécessairement s’exercer.
C’est ce pouvoir de la minorité que nous appelons l’État. Si ce dernier compte sur son droit « légitime » à la violence, sur la peur et sur la soumission qu’il impose par la force et la propagande, il n’est jamais vraiment à l’abri en cas d’unité du plus grand nombre. Il doit donc nécessairement veiller à diviser pour mieux régner. Nous allons voir ici que cette vérité est plus que jamais d’actualité.
A - Les identitaires traditionnels
Traditionnellement, et sans nous attarder ici sur les nombreuses autres manières de diviser le peuple, les dogmes identitaires tels que le nationalisme, la religion ou l’origine tribale ou ethnique (la « race ») sont des instruments d’oppression et de division du peuple.
Les derniers millénaires sont en effet marqués par d’innombrables exemples d’exacerbation et d’instrumentalisation des sentiments identitaires à des fins d’oppression ou de guerres. Parmi ceux-là, il est difficile de passer sous silence l’identitarisme religieux, qui, en complément de sa fonction de soumission des populations, a permis ou favorisé d’innombrables guerres et divisions internes au gré des intérêts des puissants, que ce soit à l’époque antique ou bien à l’époque médiévale.
À l’époque contemporaine, dans les États capitalistes, ce sont souvent les sentiments nationalistes qui étaient exacerbés pour que les gens d’une même classe sociale « acceptent » de s’entre-tuer dans l’intérêt de la riche minorité. L’effroyable boucherie de la première guerre mondiale, entre français et allemands notamment, était très caractéristique de cette folie nationaliste. Et une fois de plus, à cette époque où presque tous les « bons » politiciens républicains encourageaient le massacre fratricide, ce sont bien nos aïeux, les révolutionnaires internationalistes marxistes, qui affirmaient au contraire : « Hors de question de combattre nos frères ouvriers, retournons nos armes contre nos propres exploiteurs ! ». Et que dire de la seconde guerre mondiale et du delirium identitaire raciste du régime nazi !
Aujourd’hui en France, les identitaires, qu’ils soient avant tout religieux intégristes, racistes, xénophobes ou « simplement » nationalistes et régionalistes, sont toujours bien présents. Si le sentiment « national », pour des raisons contextuelles et à des fins d’instrumentalisation de l’opinion, peut toujours être exacerbé par le pouvoir d’État pour appeler à la belle « unité républicaine », les identitaires traditionnels, appelés aussi les réactionnaires, sont généralement étiquetés d’extrême-droite. Ces dernières décennies, ils trouvent de nouvelles variantes idéologiques, de nouvelles portes d’entrée, pour faire avancer efficacement leurs idées jusque dans les catégories les plus défavorisées de la population (conspirationnisme, néo-nationalisme, néo-gaullisme, islam politique, etc.).
Nous appelons toute cette bouillie identitaire et réactionnaire traditionnelle, la Réaction politique. Et force est de reconnaître qu’elle a plutôt le vent en poupe, en raison du désespoir politique (nihilisme) mais aussi en s’assurant un certain monopole critique sur l’évolution d’une société capitaliste de plus en plus dégénérée et aberrante. Ainsi, c’est avant tout l’absence d’une critique subversive de type marxiste et porteuse d’espoirs révolutionnaires qui explique le regain d’influence de cette réaction politique.
B - L’intersectionnalité, ces nouveaux identitaires « de gauche »
Ces dernières décennies et plus particulièrement encore ces dernières années, une nouvelle forme d’identitarisme « de gauche » s’impose par le haut pour mieux diviser et atomiser la population ouvrière. Ces identitaires sont fédérés par une nouvelle idéologie délétère tout droit venue des États-Unis : l’intersectionnalité.
Il s’agit pour cette idéologie de mettre en avant différents critères d’oppression qui seraient aux « intersections » afin de noyer le rapport d’exploitation économique fondamental entre les classes sociales. Comment empêcher les travailleurs de parvenir à davantage d’unité et de solidarité entre eux ? L’intersectionnalité, ou l’art et la manière de cliver la population ouvrière au nom de son appartenance ou de son orientation sexuelle, de ses origines culturelles ou encore de sa couleur de peau ! Sont-ils aussi des réactionnaires, voire des partisans d’une nouvelle idéologie fascisante ? En quelque sorte oui, nous pensons que nous pouvons les qualifier ainsi, surtout qu’ils défendent de facto avec zèle l’ordre en place (des idiots utiles bien institutionnalisés jusqu’au sommet de l’État) et se comportent comme de véritables petits chiens de garde agressifs et censeurs au service de la pensée dominante (police de l’esprit). Sauf, qu’ils s’en défendent, qu’ils brouillent fallacieusement les cartes en prétendant être des « progressistes » et lutter pour des « victimes » de telles ou telles « oppressions spécifiques »…
Très présents dans les universités et dans les milieux favorisés, les intersectionnels contaminent et influencent ainsi toute la gauche, jusqu’aux restes dégénérés de « l’extrême-gauche ». Un peu comme certains sionistes qui justifient l’oppression des palestiniens par l’oppression passée des juifs, les intersectionnels cherchent à transformer les victimes d’hier en bourreaux d’aujourd’hui. Ils parviennent en tout cas déjà à cliver et à alimenter de nouvelles formes de tensions identitaires au sein du peuple.
Nous devons tout d’abord évoquer le féminisme dit de la « troisième vague ». Placé au cœur de l’idéologie intersectionnelle, ce féminisme insensé encourage par exemple ouvertement un nouveau sexisme (réunions et manifestations « non-mixtes ») pour lutter « contre le sexisme » ?!!! En réalité, ce féminisme, qui est aussi l’expression pathologique de la misandrie (de la « misogynie » des femmes à l’égard des hommes), est devenu une composante majeure de l’idéologie dominante. En opposant clairement les femmes aux hommes du peuple au nom d’une fantasmatique oppression patriarcale généralisée, il participe activement au jeu de la division et de la destruction orchestrées par les puissants. La bourgeoisie, qui affiche aujourd’hui ouvertement des laquais politiques comme Marlène Schiappa, affectionne en effet beaucoup ce clivage des genres, qui ne menace nullement ses intérêts et qui entretient les femmes dans leurs particularismes pour compliquer leur unité sur une base de classe.
Mais il y a aussi un identitarisme encouragé au titre de l’orientation sexuelle des gens. Après l’indigeste langage inclusif des féministes, il y a ainsi toute une novlangue pour définir des catégories de victimes d’homophobie, de transphobie, etc. Mais le pire de tout c’est que le délire intersectionnel en arrive à réhabiliter le concept de « race » pourtant invalidé par la science depuis des décennies. Exacerbant l’identité « raciale », il invente une nouvelle forme de racisme « positif » des minorités, le racialisme ! Ainsi, pour simplifier la connerie intersectionnelle, la figure symbolique de l’homme blanc et hétérosexuel serait, aussi pauvre et ouvrier soit-il, l’éternel oppresseur de la figure de la femme noire et lesbienne, aussi riche ou bourgeoise qu’elle puisse être !
Enfin, les intersectionnels ne se privent pas non plus d’exacerber les sentiments identitaires culturels et religieux les plus réactionnaires, tout du moins tant que ce sont ceux d’une minorité qu’ils considèrent comme « opprimée »… Et la boucle est bouclée, chapeautée par le pouvoir en place, encouragée par l’idéologie dominante (libérale-individualiste), l’intersectionnalité est devenue l’autre face de la grande médaille de la réaction politique ; le trait d’union entre la gauche et la droite pour mieux maintenir le peuple dans la division et l’oppression.
C - Le communautarisme, un instrument de division et d’oppression
S’inspirant ainsi du modèle de société communautariste à l’américaine, cela fait des décennies que la bourgeoisie française et son État encouragent activement les divisions communautaristes au sein du peuple. Regroupement familial en 1973, loi pour favoriser l’établissement de lieu de culte dans l’entreprise en 1976, logique « multiculturaliste » sous Mitterrand, politique du logement social de concentration des populations ou encore propagande médiatique incessante, le pouvoir bourgeois fait tout pour nous diviser ! Dans les faits, comme dans l’idéologie dominante, notre classe fait l’objet d’une véritable politique de destruction sur des bases communautaires ou religieuses !
Tout d’abord, il faut bien mettre en évidence le rôle primordial du prolétariat, de la lutte et de la culture ouvrière, dans l’intégration des populations originaires d’ailleurs. N’en déplaise aux nostalgiques réactionnaires de la France « chrétienne » d’hier, cela fait bien longtemps que la religion a perdu toute fonction d’intégration. Quant aux valeurs soi-disant « universalistes » et « laïques » de la république des riches, ce n’est que de l’hypocrisie, nous voyons bien que le seul intérêt de cette dernière c’est de nous diviser ! Seul le prolétariat en mouvement et ses idéaux communistes sont en mesure de constituer le cœur d’une vraie cohésion populaire. Ton frère prolétaire venu d’ailleurs, tu l’accueilles, voici un principe communiste d’hospitalité et de fraternité que tous les travailleurs devraient partager ! Ainsi, c’est bien des décombres du vieux mouvement ouvrier corrompu français que le communautarisme a pu naître et se développer dans le pays.
Prenons l’exemple, ô combien polémique et actuel, de la communauté musulmane et de l’Islam en France. Dans ce pays, il y a déjà entre six et dix millions de personnes qui, généralement originaires du Maghreb, héritent de la religion musulmane et se retrouvent concentrées dans de nombreux quartiers parmi les plus pauvres du pays. Une fois cette réalité humaine et matérielle mise en place, la bourgeoisie française, ses médias et son État n’avaient plus qu’à encourager ou à aggraver sournoisement une forme de « fracture » idéologico-culturelle ou religieuse massive dans la population ouvrière du pays. Et force est de reconnaître que cela fonctionne plutôt bien, particulièrement depuis vingt ans. Nous assistons effectivement, dans un nombre toujours plus grand de quartiers et de façon de plus en plus nette, à une ignoble mécanique réactionnaire au sein même d’un prolétariat français plus divisé que jamais… Emboîtant ainsi le pas à certains juifs, à certaines communautés asiatiques ou autres, ce sont des millions de français d’origine musulmane qui plongent sous nos yeux dans une dynamique de bêtise identitaire justifiée hypocritement et confortée par la religion islamique… Alors que nous avons déjà connu 1500 ans d’oppression idéologique chrétienne en France, la bourgeoisie du pays est ainsi parvenue à réintroduire une autre religion, plus vivante et parfaitement taillée pour l’oppression, aussi bien calibrée pour soumettre que pour cliver le peuple !
Ainsi, nous rappelons que c’est bien l’Etat français qui a favorisé l’implantation de l’islam dans le pays, par exemple sous Nicolas Sarkozy par l’intermédiaire du Qatar qui finançait des mosquées. Arrêtons donc de laisser dire n’importe quoi ! De l’organisation des ces aberrantes manifestations contre l’ « islamophobie » jusqu’aux phases d’emballement politico-médiatique suite au moindre fait divers qualifié « d’acte terroriste », tous les bourgeois et leurs valets, en un mot toute la société capitaliste participe, dans un sens ou dans l’autre, à cette infecte mascarade de la division et de la tension communautariste ! À la fois aidés par leurs sbires opportunistes de gauche et par leurs épouvantails médiatiques de droite, ce sont bien les bourgeois, qui au travers d’un clivage politico-médiatique biaisé, cherchent à maintenir dans l’identitarisme culturel et religieux les uns (les « musulmans ») tout en encourageant la peur et la xénophobie des autres (des « français ») ! Camarades, qu’ils soient étiquetés « islamophiles » ou « islamophobes », qu’ils caressent hypocritement ou qu’ils rejettent lâchement, tous ces gens-là, que ce soit par bêtise ou par intérêt, ne sont rien d’autres que des ennemis du prolétariat et de la fraternité populaire !
En réalité, que ce soit la nation, la communauté ou la religion, aucun de ces repères identitaires n’offrent la moindre issue politique favorable au peuple ouvrier ! Bien au contraire, il n’y a que les riches qui en tirent profit ! Ce sont les bourgeois qui divisent selon nos origines, quitte même à encourager, voire à préparer les pires tensions fratricides ! Car que craignent-ils vraiment ces bourgeois ? Notre fraternité internationale et notre union révolutionnaire ! Ils savent très bien que celles-ci leur seront fatales !
Prolétaires de toutes origines, unissons-nous !
Conclusion
Du fait, notamment, d’un grand nombre de confusions et de préjugés entretenus par le système médiatique, il est très difficile aujourd’hui d’avoir une vision claire et cohérente sur ces questions.
Il faut déjà bien comprendre que le système capitaliste, que les bourgeois et les États qui les servent, ne sont plus si confiants. Pour assurer leur domination, ils doivent donc aggraver nos divisions, brouiller les cartes et encourager une spirale infernale de la réaction politique. Ces gens-là se moquent de l’ « intérêt général » et de toute idée du « vivre ensemble », ils ne cherchent, ni plus ni moins, qu’à sauvegarder leurs intérêts particuliers au sein d’un avenir incertain. En vérité, seule une dynamique révolutionnaire permettra de ressouder fraternellement le peuple vers un destin commun. Une fois encore, la seule issue positive à la situation ne dépend que de nous, c’est la Révolution !
Nous autres, les travailleurs salariés, avec ou sans emploi, hommes ou femmes de toutes les origines, en France comme ailleurs, nous constituons déjà l’écrasante majorité. Et parmi celle-ci, nous sommes toujours plus nombreux à ne plus pouvoir supporter nos vies d’opprimés et d’exploités dans cette société. À partir de là, l’explosion sociale est inévitable. Et cela, les puissants le savent. Ils misent donc sur notre atomisation et sur nos divisions, quitte même à programmer notre autodestruction, pour échapper à leur funeste destinée. Mais ils n’y parviendront pas ! Tôt ou tard, la fraternité internationale du prolétariat triomphera du monde des bourgeois !
ELIAS