Loi de pénalisation des clients de prostituées :
Hypocrisie liberticide et puritaine du pouvoir bourgeois !
Le 4 décembre dernier, l’assemblée a adopté une loi prévoyant de pénaliser d’une amende de 1 500 euros les gens ayant recours au service d’une prostituée.
Et alors que beaucoup, y compris parmi nos petits camarades de l’extrême-gauche, approuvent cette loi, nous posons la question :
Mais en quoi cette loi relève-t-elle d’un progrès ? En quoi le fait d’empêcher bon nombre d’hommes d’obtenir une parenthèse de plaisir dans un monde capitaliste qui aggrave constamment les misères sexuelles, affectives et sociales, représente-t-il quelque chose de positif ?
Certains défendront cette loi au nom d’une prétendue « défense de la femme », et d’une morale puritaine hermétique a l’idée que les services sexuels du corps puissent -comme toute chose dans le capitalisme- « se vendre ». Mais en y réfléchissant un peu ces arguments n’ont aucun sens.
En tant que marxistes, nous devrions comprendre que la vente de notre force de travail, c’est aussi celle de notre corps en tant qu’outil ! Dans ce système, chacun est en effet encouragé à vendre ses talents, son image, son corps et parfois même son âme ! Et la prostitution en soit n’abime et n’avilit pas plus le corps et l’esprit de la femme que bon nombre de métiers pénibles et psychologiquement dégradants ! En réalité, le système bourgeois est fondé sur une prostitution généralisée, et le domaine de l’ « amour », avec ses « promotions canapés » et son endogamie de classe, ne fait pas exception !
Alors bien-sûr, il y a dans le milieu de la prostitution, des réseaux proxénètes qui mènent à des formes d’exploitation particulièrement sévères, mais là n’est pas le fond du débat ! La question est plutôt de savoir, si la prostitution remplit, dans notre société, une fonction nécessaire pour pallier à certains maux d’ordre sexuels et affectifs ? Et la réponse est, de toute évidence, que oui ! Et si la prostitution relève d’une nécessité, que les rapports sociaux actuels ne permettent pas de dépasser, alors les entraves législatives imposées hypocritement, loin de l’empêcher, ne peuvent que lui donner des formes plus abjectes encore ! De sombres bordels clandestins pour les pauvres, et des putes de luxe et du champagne pour les riches !
Pour que la prostitution cesse d’être nécessaire, il faudra non seulement créer des conditions économiques et sociales, que seul le communisme permettra, mais il faudra encore laisser du temps pour que les mœurs, les rapports humains en général et entre les sexes en particulier, trouvent une haute expression d’eux-mêmes ! C’est seulement dans ce cadre, permettant à l’humanité libérée de s’épanouir pleinement, que la vente des services sexuels perdra toute utilité.
Concrètement, cette criminalisation de l’assouvissement des instincts humains, ne vise qu’à donner bonne conscience aux bourgeois désireux de voir les filles de joie déserter les espaces publics « visibles » pour se terrer dans l’ombre des bas-fonds… Cette loi, s’inscrit donc pleinement dans l’esprit des autres mesures, comme l’interdiction de fumer et la multiplication des radars routiers, visant à aseptiser la société ! Elle participe à la dégradation de nos conditions de vie, une dégradation qui implique aussi les atteintes à toutes ces libertés qui rendaient la vie dans un monde -fondamentalement injuste- encore supportable.
Au risque d’égratigner le moralisme puritain que les mal-baisés « progressistes » partagent avec les réactionnaires religieux, nous disons donc que si nous aspirons à un monde débarrassé de ses formes l’exploitation et de prostitution, que nous sommes résolument contre cette loi liberticide, hypocrite et puritaine !
Publié dans Combat n°33 Hiver 2013/2014