courbe évolution du nombre de la population carcérale ARM combat

Les politiques sécuritaires et répressives engendrent des prisons surpeuplées :

A qui profite le crime ?

 

Le nombre de détenus dans les prisons françaises s'élevait au 1er mai 2011 à 64.584 pour une capacité maximale de 56.454. Ce chiffre historique, déclaré par l’administration pénitentiaire, est le reflet d’une politique répressive et judiciaire que les institutions elles-mêmes ont du mal à suivre et à appliquer rigoureusement tant elle est excessive et déconnectée des réalités sociales. Depuis un peu plus de 10 ans les discours sécuritaires se succèdent pour répandre l’idée que les solutions aux problèmes socio-économiques se trouveront dans la répression des comportements jugés anormaux ou déviants. Cette politique insidieuse s’attaque aux symptômes d’une société malade plutôt qu’aux causes. Elle nie le déterminisme social pour le remplacer par un déterminisme racial ou culturel qui conduirait certains d’entre nous naturellement en prison. Ainsi elle divise le peuple et engendre la peur, la xénophobie.

De la même façon elle nie la lutte des classes et la lutte idéologique et il n’existe plus -officiellement- de prisonniers politiques en France depuis 1981. Que sont alors les militants d’Action Directe, les inculpés de Tarnac, des centaines d’autres ? Selon l’État ce sont simplement des terroristes. D’ailleurs une nouvelle infraction est apparue pour les qualifier : « l’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » Et des mesures d’exception pour les dresser : l’éloignement quasi systématique des détenus politiques de leurs proches et l’attribution du statut de détenu particulièrement surveillé (DPS) à savoir surveillance accrue, restriction pour faire des études, déplacements limités dans la prison, interdiction de travail, quartiers d’isolement, changements constants d’établissements.

L’État bourgeois impose son totalitarisme par l’intolérance, ainsi les lois relatives au Code Pénal se sont multipliées (par exemple les peines plancher) et de plus en plus d’actes relevant de la contravention sont dorénavant qualifiés de délits et passibles de prison ferme : nuisances, racolage passif, la mendicité, la conduite en état d'ivresse, l'outrage à l'hymne national. Du coup environ 25% des personnes sous écrou purgent des peines de moins de six mois. De même les arrêtés municipaux et préfectoraux fleurissent piétinant la liberté d’expression et la vie publique. Le surpeuplement des prisons n'est donc pas l'effet du hasard ou d'une augmentation de la criminalité. Il résulte d'un choix politique assumé, d’une société faite par et pour les riches. Cela commence par l’éducation et la santé. Fermer une école ou un hôpital c’est ouvrir une prison. Tout le monde le sait. Le nombre de malades en prison est dramatique : 25% des détenus sont atteints d'une maladie psychotique grave (schizophrénie, paranoïa…) Si l’on prend en compte les troubles plus « légers » type dépression, on atteint 40% ! Il faut dire qu’en 20 ans l’État a supprimé 40 000 lits de psychiatrie et depuis 2007 se sont 50 000 postes d'enseignants qui ont été supprimés. Rappelons que la France a le plus faible taux de professeurs par élèves des 34 pays membre de l’OCDE. L’éducation et la santé du peuple dont sa liberté est le corollaire direct, représente un coût insupportable pour la société capitaliste. D’autant que les bourgeois, eux, sauront se préserver de ces carences, leur argent leur permettra toujours d’avoir le meilleur à leur disposition et de rester à l’abri.

La justice est le reflet de cette société capitaliste. Pour les pauvres c’est le tout-carcéral : 26,1% des personnes incarcérées sont des prévenus c’est-à-dire en détention provisoire, en attente d'un jugement. Tandis que pour les riches qui auront la malchance de tomber ou serviront de bouc-émissaire, ce sera la prison dorée et autres aménagements. Jamais un DSK ou un Chirac ne connaîtront les conditions d’existence du bas peuple.

Un peuple qui se retrouve aux prises avec les mêmes problèmes que dehors, mais multiplié par dix, à savoir : surpopulation, vétusté des locaux, insuffisance de personnel médical, absence des familles et des associations, crédits pour la formation professionnelle fondant à vue d'oeil, chômage. Sans parler de toutes les conséquences quotidiennes que la promiscuité engendre et qu’il faut vivre pour pouvoir mesurer. La France est à ce titre régulièrement condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour des « traitements inhumains ou dégradants ».

Il est bien entendu hors de question pour la bourgeoisie et son État d’améliorer les conditions de vie du peuple que ce soit dehors ou dedans. La seule solution apportée est celle qui permettra de pomper l’argent public afin d’alimenter les comptes privés des grandes entreprises. Et cela passe par un parc pénitentiaire toujours plus grand et la construction de 28 nouvelles prisons.

Des centres pénitentiaires "modernes" consacrant le recul de l’humain où l’horizon ne dépasse jamais les 40m et qui de l’aveu même du contrôleur général des lieux de privation sont de nature à favoriser une hausse de l'agressivité et de la violence.

"On a multiplié le béton, les grilles de séparation dans la prison", au point qu'"entre le tiers et le quart" des détenus se rendant à un rendez-vous médical ou une activité (socioculturelle, travail…) "n'arrivent jamais à destination". Ils sont obligés de rebrousser chemin car l'heure de leur rendez-vous est passée. La multiplication des grilles, des sas et la taille de la prison multiplieraient par trois les temps de déplacement des détenus et des travailleurs pénitenciers.

«En choisissant du matériel à bas coût, les sociétés privées obtiennent une marge plus importante »

Tout cela pour alimenter en millions les bénéfices des Bouygues, Eiffages et autre Vinci. (Une prison édifiée pour 55 millions d’euros sera facturée 103 millions à l’État, plus des lourds frais de maintenance). Mais il n’y a pas que la construction qui rapporte, le partenariat Public/Privé, qui ravage nos universités et nos hôpitaux trouve ici aussi une place de choix dans la surveillance, l’alimentation, l’entretien. Sodexho se régale en prison ! Avec la baisse des fournitures de l’administration, les détenus sont obligés de cantiner de plus en plus pour des produits de base, d’hygiène et d’alimentation, dont les prix sont 20% à 30 % plus élevé que dehors.

« Il y a dans ces prisons une multiplication des frustrations »

Au point que surveillants et détenus regrettent tous les anciens taudis pourtant vétustes sentant la pourriture et infestés de rats et de cafards.

Des surveillants qui malgré leur statut spécifique leur interdisant le droit de grève et de manifestation ont multiplié les actions de blocages et les manifestations depuis 2009.

La solution passe selon la CGT par «une autre politique pénale» avec, notamment, «une orientation vers les alternatives à l'incarcération pour les courtes peines», ainsi qu'un «plus grand respect de la présomption d'innocence», avec «moins de prévenus incarcérés».

A L’heure des discours démagogiques sur la récidive et la prévention des risques il est clair que ce système carcéral la favorise. Par la mixité des prévenus et des criminels aguerris dans les maisons d'arrêt aux conditions particulièrement restrictives, mais surtout par l’absence de perspectives et d’objectifs de réinsertion. Jamais la prison n’a eu d’effet dissuasif sur la criminalité, ni l’allongement des peines sur la récidive. Aujourd’hui la prison est non seulement une peine de privation de liberté mais, au regard des conditions d’application, on peut également dire une peine d’infamie, de dégradation, de souffrance physique et morale. La question du temps utile en prison est une escroquerie qui ne sert une fois encore au mieux que les capitalistes qui y trouve une main-d’œuvre dont ils rêvent. Malgré une loi récente instaurant l’obligation d’activité en prison (travail, sport, formation…) le taux d’occupation en prison oscille entre 9% et 35%. Le travail se rapproche du régime esclavagiste, aucune règle n’est imposée aux entreprises en matière de rémunération, le code du travail ne s’applique pas, les détenus n’ont pas le statut de salarié donc pas de contrat de travail, pas de compensations en cas de maladie, d'accident du travail ou de licenciement, pas de congés payés, ni de droit syndical ni d'assurance chômage.

Nous, Communistes, affirmons que chacun a sa place dans la société. Que sans le chômage, la précarité, la misère dans laquelle nous maintient ce système nous serions capables d’offrir à tous des conditions décentes d’existence. Sans cette idéologie pourrie du règne de l’argent roi, de la tentation de l’argent facile et de ces valeurs minables et avilissants des petits délinquants qui conduisent tant de désespérés entre 4 murs ou 4 planches, un monde meilleur est possible. Pour cela, une seule solution : l’abolition de la propriété privée dans la production, sur la terre, sur le logement. Seule l’appropriation collective des richesses nous permettra à tous de jouir pleinement de ce que la société est en mesure de nous offrir. Il est grand temps de se battre non pas entre nous comme des chiens mais pour nous tous comme des Hommes.

La prison n’a pas toujours existé, elle n’existera pas toujours mais ça c’est une autre Histoire…

NEYA