Martine Aubry qui, à l’issue du congrès de Reims et du vote des 137.000 militants, devançait de 102 voix sa concurrente Ségolène Royal. 137.000 militants qui eurent beaucoup de mal –et on les comprend- à départager ces deux représentantes de la bourgeoisie, tant leurs programmes politiques étaient coulés dans le même moule : Programme libérale du parti de l’alternance bourgeoise qui considère le capitalisme comme un horizon indépassable, et donc partisan, de fait, d’un système aberrant qui dans sa quête de profits affame et tue des millions d’êtres humains, organise la précarité et l’exclusion, délocalise des entreprises et abandonne les classes populaires a la misère au nom des profits de quelques spéculateurs parasites ! Le PS aspire à la gestion d’un système qui hypothèque les ressources, les équilibres et l’avenir de notre planète, qui sacrifie le Service Public sur l’autel de la rentabilité et pour le plus grand bonheur d’une poignée de milliardaires !
Les faits sont visibles : Dans la lutte acharnée au sein du P.S entre les différents courants et qui s’est achevée avec la nomination de M. Aubry, il ne fut jamais question des vrais problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs! Mis à part la question des alliances, notamment avec le Modem, défendue ouvertement par S. Royal et hypocritement combattue par la mère Aubry qui pourtant, est élu maire de Lille avec l’appui du modem ! Le débat creux du PS s’est borné autour des concepts tels que «renouvellement», «rupture avec les anciennes pratiques», «fraternité», «modernité»; On aurait pu en rigoler si la gravité de la réalité n’avait pas été là pour nous rappeler la véritable nature des enjeux de la période: L’une des plus graves crises du capitalisme qui met les Etats et leurs dirigeants dans l’obligation de voler au secours des spéculateurs en nationalisant -même s’ils se gardent bien de prononcer le mot- des banques en faillite, en injectant de l’argent public dans des entreprises (qui ont cependant cumulé des bénéfices records ces dernières années) et surtout, à nous annoncer -pour les travailleurs qu’ont bâti dans les usines, dans les commerces, dans les campagnes, dans les services, les richesses qui profitent aux détenteurs du capital- des lendemains de pénurie !
C’est dans ce contexte qu’a eu lieu l’empoignade au Congrès de Reims. L’objectif ultime étant la prise de l’appareil qui permet et rend possible l’expression d’ambitions présidentielles, question programme il fallait ratisser large: sans renoncer à une alliance avec le centre tout en s’appliquant un vernis rose pâle, l’élection devait se jouer (nous dirent-elles) sur le « renouveau », sur la mise à l’écart de la « vieille garde » pour permettre l’essor d’une « nouvelle génération de dirigeants » Qu’en est –il en réalité ? Entre le discours de l’illuminée aux airs d’évangéliste américaine qui sortant de l’ENA commença sa carrière politique en 1982 aux cotés de Mitterrand et fut ministre trois fois, avec comme acolytes Peillon (dès 1982 aux cotés de Emmanuelli), Collomb (maire de Lyon et sénateur), Valls (maire d’Evry, conseiller régional) et celui d’Aubry (ministre de l’emploi sous Jospin, directrice adjointe chez Pechiney tristement célèbre pour l’affaire de l’amiante, auteur de la loi des 35 heures qui permit aux patrons d’accroître la flexibilité du travail et l’annualisation des salaires) où est le renouveau ? Et quel est le programme d’action qu’il propose aujourd’hui aux travailleurs qui payent durement les conséquences de la crise du capitalisme ? Aucun. Ce n’est pas la droite ni le grand patronat que vont s’en plaindre ! Et si le PCF parvient à voir un « virage légèrement à gauche » c’est parce que lui non plus n’a pas fini de boire le verre du renoncement et de la trahison des intérêts du prolétariat et de la révolution socialiste !
Cette nomination -on ne peut pas parler d’élection tant les magouilles, les tricheries et coups bas furent nombreux- n’annonce rien de bon pour les travailleurs de notre pays : Pour la défense de leur pouvoir d’achat, pour l’augmentation de leurs salaires, de leurs retraites, pour le maintien de leur accès aux soins, à l’éducation de leurs enfants, à la formation, pour la défense du Code du Travail tous les jours remis en question -en un mot, pour la défense de leurs intérêts de classe- ils seraient bien inspirés d’aller voir ailleurs : seul un Parti Révolutionnaire ayant comme objectif la construction d’une société socialiste, en rupture totale avec le capitalisme et ses serviteurs et non pas voulant le «moderniser», le «moraliser» ou le «réglementer» ni le reformuler à une prétendue sauce «21ème siècle», mais l’abolir -nationalisant ses richesses et socialisant les moyens de production- seul ce Parti constitue un rempart contre la droite arrogante de Sarkozy et ses complices, seul ce Parti est l’outil qui permettra aux travailleurs de prendre et exercer démocratiquement le pouvoir dans le sens de leurs intérêts de classe !
FERNANDO
Publié dans Combat n°5 Décembre 2008