Les élections bourgeoises lancent les partis politiques dans une compétition nationaliste afin de déterminer celui qui représentera le mieux les intérêts du « peuple » français, catalan, corse ou autre. Une manipulation alimentée par les préjugés communautaires et conservateurs développés à longueur de média.

Les élections bourgeoises sont partout l’occasion d’une messe populaire autour de valeurs identitaires et patriotique.

Que ce soit dans les pays pauvres voulant rejoindre l’UE ou dans les régions riches voulant se séparer, le nationalisme représente toujours les intérêts d’une bourgeoisie locale dans une économie mondialisée. Cette bourgeoisie, en lutte dans cette arène parfois trop grande pour elle, tente de garder la main sur son pré carré, régional ou national. Pour cela elle flatte les sentiments identitaires et pousse à l’égoïsme par la promesse d’une protection de la « communauté », et de la « souveraineté populaire ». Un mensonge qui ne vise, en réalité que la défense de ses propres biens et de son propre pouvoir, en divisant les hommes selon le concept flou et artificiel « d’identité nationale ». Un concept développé par la bourgeoisie pour remplacer l’opposition de classe. C’est-à-dire l’opposition du peuple travailleur, uni et marchant uniquement dans le sens de son intérêt historique : prendre le pouvoir par et pour lui-même !

L’autonomie territoriale est une fable réactionnaire à destination de ceux qui se cherchent un « petit chez eux », à l’heure où l’humanité se découvre un grand chez soi chez les autres ! Le développement des moyens de communications a facilité la circulation des marchandises et des hommes. Aujourd’hui dans les villes les travailleurs sont d’origines multiples, venant des quatre coins du pays, mais aussi du monde ! L’histoire transcende inéluctablement les nations et subordonne toute aspiration indépendantiste à la lutte du prolétariat dans son ensemble. Ceux qui cherchent à faire tourner la roue de l’histoire à l’envers se fourvoient ou sont vendus !

Quant au droit des nations « à disposer d’elles-mêmes », c’est un concept du droit bourgeois aussi illusoire que celui qui prétend que les hommes « naissent et demeurent libres et égaux ». Sachant que chaque peuple qui sort de sa rétention se heurtera tout d’abord à la soumission à sa bourgeoisie nationale. Défendre une ambition indépendantiste n’a d’intérêt pour les révolutionnaires prolétariens, que dans l’optique de hâter le progrès démocratique bourgeois pour des peuples ancrés sur des territoires, et qui ne disposent pas encore des mêmes droits. Comme ce fut par exemple le cas dans l’Algérie coloniale mais qui ne correspond en rien à la situation en Catalogne ou en Corse.

Le droit à l’auto-détermination avancé par les révolutionnaires du XXème siècle n’était pas un mot d’ordre séparatiste, mais celui de l’intransigeance face à l’oppression dans une logique antipatriotique. Le but n’était pas de multiplier les Etats bourgeois mais au contraire, de lier le plus étroitement possible les travailleurs de différentes nationalités en un seul tout : une logique de classe, au-delà des Etats, qui finira par faire tomber les frontières.

Aucune solidarité avec les représentants politiques de la bourgeoisie catalane face à la répression de la bourgeoisie espagnole !

Ces gens-là ne sont pas des nôtres ! Nous n’oublions pas que ce sont ces mêmes parlementaires indépendantistes catalans qui ont ordonné de déloger à coups de trique la place Catalunya occupée en 2011 et qui ont été les premiers à appliquer les mesures libérales « anti-crise » en Espagne, réduisant plus qu’ailleurs dans le pays les budgets de l’éducation, de la santé et du logement. Que les bourreaux soient aujourd’hui victimes, peu importe, ils restent les gardiens de l’ordre bourgeois, nos ennemis mortels. De la gauche bourgeoise jusqu’aux anarchistes, tous ceux qui défendent les urnes catalanes ou qui se solidarisent contre la répression espagnole légitiment de facto les institutions démocratiques bourgeoises.

Cette collaboration pour un front au-delà des classes, en entretenant inévitablement les illusions électoralistes et la réaction nationaliste, est un piège antirévolutionnaire !

Dans la guerre entre bourgeois, les révolutionnaires prônent le défaitisme, hors de question de partir à la boucherie pour sauver leurs fesses ! La rupture avec toute manifestation de patriotisme ou de régionalisme est l’une des principales tâches des révolutionnaires communistes. Entre travailleurs catalans et des autres régions d’Espagne il n’y a rien à gagner dans la division. Au contraire, cela retarde l’émancipation nécessaire des travailleurs. Céder devant les préjugés identitaires est pire qu’une forme d’opportunisme, cela relève d’une position tout à fait réactionnaire.

Pour nous permettre de consacrer nos énergies au développement harmonieux de nos cultures et de nos territoires il faudra arracher le pouvoir à la bourgeoisie. Il faudra détruire ses institutions corrompues et les remplacer par le pouvoir des travailleurs organisés en assemblées.

Une seule fraternité, la plus grande, la plus intransigeante:

la fraternité de classe !                         

NEYA